En France, toutes les 2 minutes, une femme est victime de viol, de tentative de viol ou d’agression sexuelle. Si le mouvement #MeToo a permis de révéler l’ampleur des violences sexistes et sexuelles (VSS), celles-ci n’ont pas reculé pour autant, et leur prise en charge au niveau institutionnel reste à améliorer.
Porter plainte après avoir subi des violences sexuelles demeure une épreuve difficile pour de nombreuses victimes, car il arrive qu’elles soient confrontées à des questions culpabilisantes, à une minimisation des faits ou à une inversion de la responsabilité de l’agression subie. C’est ce que l’on appelle la victimisation secondaire.
Pour celles appartenant à des groupes marginalisés, cela relève souvent de l’impossible, alors même qu’elles sont plus à risque de subir des VSS. Par exemple, les femmes demandeuses d’asile ont un risque 18 fois plus élevé d’être victimes de viol. Discriminations, pratiques illégales et obstacles législatifs empêchent des milliers de femmes de faire valoir leurs droits, une situation intolérable dans une société qui se veut égalitaire et protectrice pour toutes et tous.
Des chiffres qui révèlent l’ampleur de l’échec judiciaire
Le système judiciaire français montre des failles béantes lorsqu’il s’agit de protéger les victimes de violences sexuelles :
- Seules 6 % des victimes de viol, tentative de viol ou agression sexuelle ont porté plainte en 2021. Ce chiffre traduit la défiance vis-à-vis d’un système perçu comme inefficace et stigmatisant.
- 86 % des plaintes pour violences sexuelles déposées entre 2012 et 2021 ont été classées sans suite, laissant la majorité des victimes sans recours ni réparation.
- Pire encore, 0,6 % des viols ou tentatives de viols ont donné lieu à une condamnation en 2020. Ce taux dérisoire illustre l’incapacité des institutions à punir les agresseurs et à rendre justice.
Les violences institutionnelles : une deuxième épreuve
Pour une femme étrangère, transgenre ou travailleuse du sexe, pousser les portes d’un commissariat peut parfois être aussi traumatisant que l’agression elle-même. Certaines subissent des propos humiliants, des refus de plainte ou encore des menaces liées à leur statut administratif.
Parmi les obstacles principaux : le manque de formation des forces de police et gendarmerie qui appliquent mal les procédures légales et méconnaissent le droit des personnes et l’incapacité de garantir l’interprétariat qui est pourtant un droit garanti.
Ces réalités dénoncées depuis longtemps par les associations montrent que le système judiciaire n’est pas neutre : il perpétue des discriminations intersectionnelles, là où il devrait garantir un traitement égalitaire. Ce sont les femmes en situation de précarité ou victimes de multiples discriminations qui se retrouvent les plus isolées face à ces violences.
Un appel à une justice inclusive et protectrice
Pour mettre fin à ces injustices, Amnesty International appelle à des réformes profondes et concrètes. Parmi les priorités figurent :
- Mettre fin aux pratiques illégales dans les commissariats et gendarmeries : Chaque femme a le droit de porter plainte quel que soit son statut administratif, la loi le garantit !
- Réformer la législation : L’absence de la notion de consentement dans la loi sur le viol constitue une faille majeure. Par ailleurs, dépénaliser le travail du sexe et garantir un droit au séjour temporaire pour les femmes étrangères sont des étapes indispensables pour sécuriser les victimes.
- Adopter une approche intersectionnelle : Les politiques publiques doivent reconnaître et répondre aux discriminations croisées subies par les femmes marginalisées, en intégrant leurs réalités dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
Pourquoi il faut agir maintenant
Chaque jour sans réforme est un jour où des victimes restent sans recours face à leurs agresseurs. Pourtant, ces changements sont non seulement nécessaires, mais réalisables si la volonté politique est au rendez-vous. Une justice efficace ne peut exister que si elle est réellement accessible à toutes et à tous, indépendamment de l’origine, du genre ou de la profession des victimes.
Votre mobilisation compte
La pétition lancée par Amnesty International, qui a déjà récolté près de 24 000 signatures, vise à rassembler 50 000 soutiens d’ici le 31 décembre 2025. Elle est un outil essentiel pour interpeller les décideurs et exiger des réformes. Mais au-delà de votre signature, votre engagement peut faire la différence :
- Sensibilisez votre entourage : Les violences institutionnelles restent trop souvent méconnues.
- Participez aux événements locaux : Chaque action collective renforce notre impact.
- Soutenez les voix marginalisées : En amplifiant leurs récits, nous brisons le silence qui les entoure.
Un combat collectif pour une justice égale
Porter plainte ne devrait jamais être un privilège, la justice est un droit universel, et garantir son accessibilité pour les femmes victimes de violences sexuelles, particulièrement celles issues de minorités, est une exigence fondamentale.
Alors, signez, partagez, agissez. Parce qu’une société juste et égalitaire se construit ensemble.
Rejoignez la mobilisation en signant la pétition ici : https://www.amnesty.fr/petitions/exigez-justice-victime-violences-sexuelles-france
Sources :
https://www.amnesty.fr/petitions/exigez-justice-victime-violences-sexuelles-france
https://www.amnesty.fr/dossiers/les-violences-sexistes-et-sexuelles-en-france
https://www.amnesty.fr/droits-sexuels/actualites/porter-plainte-pour-violences-sexuelles-en-france-
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