Ahou Daryaei ou le visage de la résistance face à l’oppression : le combat des femmes iraniennes pour leurs droits continue

Filmée le 2 novembre 2024, Ahou Daryaei, une étudiante iranienne s’est dévêtue dans son campus universitaire de l’université d’Azad à Téhéran afin de protester contre les restrictions vestimentaires imposées aux femmes en Iran, notamment le port obligatoire du voile. Cet acte de protestation a fait le tour du monde, suscitant de vives réactions de la part des groupes de défense des droits humains, de la société civile ainsi que des gouvernements occidentaux qui fustigent la politique répressive des gardiens de la révolution. L’étudiante a été arrêtée et transférée de force dans un hôpital psychiatrique, une procédure inquiétante dans un pays où les autorités assimilent souvent la contestation des lois sur le voile à des troubles mentaux. Le 19 novembre 2024, le porte-parole de la justice iranienne a annoncé qu’elle avait été rendue à sa famille et qu’aucune plainte ne sera déposée à son encontre. 

Plus de deux ans après le soulèvement qui a suivi la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, les autorités iraniennes continuent de réprimer toute forme de contestation. Le bilan est accablant : plusieurs centaines de morts, des milliers de personnes emprisonnées, des violences sexuelles, des tortures et des exécutions. Le régime a intensifié sa répression en visant particulièrement les femmes, qui sont les principales cibles de cette campagne autoritaire. Celles-ci sont victimes d’une répression systématique qui affecte tous les aspects de leur vie. De la liberté de circulation au droit de choisir leur vêtement, en passant par la sécurité, les autorités continuent de traiter les femmes comme des citoyennes de seconde rang, soumises à des lois et des pratiques qui portent gravement atteinte à leurs droits fondamentaux. La situation s’est aggravée au cours de l’année 2024, avec de nouvelles mesures punitives visant à renforcer l’obligation du port du voile et à restreindre les libertés des femmes dans tous les domaines. La police des mœurs a repris son rôle répressif, multipliant les arrestations et les violences à l’encontre des femmes en public. En effet, l’arrestation d’Ahou Daryaei n’est pas un acte isolé : le 28 octobre 2024, Armita Garawand, une jeune fille de seize ans, est morte après vingt-huit jours de coma, après avoir été brutalement frappée par une personne chargée de faire respecter le port obligatoire du voile. 

La République islamique d’Iran a ainsi intensifié sa répression contre les femmes et les filles qui défient l’obligation de porter le voile en public. Plus d’un million de femmes ont été menacées par SMS de saisie de leurs véhicules si elles circulaient sans voile et se retrouvent exclues de l’emploi, de l’éducation, des soins de santé, des transports publics et de nombreux autres services essentiels. En décembre 2024, un projet de loi a été présenté devant le Parlement pour renforcer ces restrictions. Ce texte prévoit jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour toute personne refusant de se conformer à l’obligation du voile. Il pénalise également les entreprises et organisations qui ne respectent pas ces prescriptions comme l’indiquent les plus de mille huit-cent entreprises fermées cette année à titre de sanction. Un tel projet de loi vise à criminaliser les femmes qui se battent pour leurs droits et à imposer une vision autoritaire de la société, où la liberté individuelle est bafouée au nom de la “moralité”.

Le mouvement « Femme, Vie, Liberté » incarne un cri de ralliement pour des millions de femmes privées de leurs droits fondamentaux. Les manifestations de rue, les actions de protestation, et les appels à la justice pour des victimes comme Armita Garawand sont des témoins de la résilience et du courage des Iraniennes.

Sources

L’étudiante iranienne Ahou Daryaei ne sera pas poursuivie car elle est “malade”, selon les autorités. (20 novembre 2024). Courrier International. https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-teheran-l-etudiante-iranienne-ahou-daryaei-ne-sera-pas-poursuivie-car-elle-est-malade-selon-les-autorites_224785 

Iran : l’adolescente Armita Garavand est décédée après un mois de coma et un malaise à l’origine controversée. Afp, L. P. A. (28 octobre 2023). Le Parisien.

https://www.leparisien.fr/international/iran-ladolescente-armita-garavand-est-decedee-apres-un-mois-de-coma-et-un-malaise-a-lorigine-controversee-28-10-2023-SKIMFQWYSVG3VL7RK6OCNHPDRM.php

Iran : l’étudiante qui s’est déshabillée devant son université en opposition au port obligatoire du voile. (11 avril 2024). Amnesty France. 

https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/iran-une-etudiante-se-deshabillee-devant-son-universite-contre-port-obligatoire-du-voile-elle-est-violemment-arretee

En Iran, la justice annonce que l’étudiante qui s’était dévêtue pour protester contre la police des mœurs est retournée dans sa famille et ne sera pas poursuivie. Afp, L. M. A. (20 novembre 2024). Le Monde. 

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/19/en-iran-la-justice-annonce-que-l-etudiante-qui-s-etait-devetue-pour-protester-contre-la-police-des-m-urs-est-retournee-dans-sa-famille-et-ne-sera-pas-poursuivie_6403272_3210.html


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