A l’approche de la quatrième édition de la Journée contre la précarité énergétique ce mardi 12 novembre 2024, l’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE) fait le constat alarmant d’une augmentation du nombre de ménages touchés par cette dernière au cours des dernières années.
En juillet 2010, la Loi Grenelle II définissait la précarité énergétique comme la situation d’un ménage éprouvant des difficultés à « disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ». En d’autres termes, la précarité énergétique englobe l’incapacité d’un ménage à s’isoler du froid en hiver et, dans une moindre mesure, de la chaleur en été.
En France, le nombre de français qui déclarent ne pas disposer des moyens financiers nécessaires pour chauffer suffisamment leurs logements a doublé depuis 2021, et l’ONPE estime que 5,6 millions ou 20,4% des ménages subissent la précarité énergétique.
Ces chiffres s’inscrivent dans un contexte actuel de hausse des situations de pauvreté ainsi que d’une dégradation de l’accès aux biens essentiels tels que la santé ou l’énergie pour les Français, observé par le dernier baromètre de la pauvreté et de la précarité réalisé par Ipsos cette année. Alors que 40% des Français déclarent avoir déjà connu une situation de pauvreté, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis 2013, 43% d’entre eux déclarent s’abstenir de chauffer leur logement, parfois ou régulièrement, du fait de difficultés financières (Ipsos).
L’estimation de l’Insee que les familles monoparentales, les inactifs, et les chômeurs peuvent présenter jusqu’à deux fois plus de risque d’être confrontés à la menace de la précarité énergétique aggrave encore le constat. En effet, proportionnellement à leur revenus, les ménages les plus modestes peuvent dépenser jusqu’à cinq fois plus que les plus riches pour se chauffer (ONPE), ce qui ne fait qu’aggraver leur état de fragilité financière, creusant par la même occasion le fossé qui les sépare des ménages plus aisés.
Le Gouvernement pour pallier cette situation de vulnérabilité énergétique des foyers, adopte des dispositifs destinés à permettre dans un premier temps, l’amortissement de la hausse des prix de l’énergie, et dans un second la suppression des foyers exposés à une déperdition de chaleur excessive qui pousserait à une surconsommation énergétique. Parmi la première catégorie de mesures se trouvent la mise en place d’un bouclier tarifaire sur le prix de l’énergie, ainsi que de « chèques énergies » réservés aux foyers les plus démunies, les deux outils visant à amortir sur le court terme la hausse des prix des ressources énergétiques pour les foyers. Dans un second temps et dans l’optique d’effets visibles sur le long terme, les dispositifs de rénovation des logements dits « passoires thermiques » ont pour objectif la protection du consommateur Français de dépenses excessives en énergies dues à une déperdition de chaleur trop importante de ces logements. Force est pourtant de constater que ces mesures restent insuffisantes pour apporter une réponse efficiente à la précarité énergétique au sein des foyers. En 2022, le Chèque énergie couvrait moins de 8% de la facture d’énergie annuelle moyenne d’un ménage. En 2023, une majorité des chantiers de rénovation thermiques subventionnés ne concernaient que des petites rénovations d’un seul des six éléments causant la déperdition de chaleur dans un logement.
Aussi, il est évident que la précarité énergétique n’est pas un sujet nouveau, et que plusieurs acteurs consacrent de leur temps et ressources pour la combattre. Pour autant le constat de sa propagation au sein des foyers français, et tout particulièrement des ménages les plus modestes, n’en reste pas moins le symbole inquiétant d’une recrudescence de la fragilité financière en France.
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