Un simple dessin. Voici ce qui peut vous envoyer en prison en Russie. En avril 2022, Macha, 13 ans, a griffonné un dessin « anti-guerre » à l’école. La police avertie par la directrice a ensuite découvert des messages du père de Macha, Alexeï Moskalev, critiquant l’invasion russe en Ukraine. Ce père célibataire a perdu la garde de sa fille et a été condamné à deux ans de prison pour avoir « discrédité » l’armée russe. Le 15 octobre dernier, Alexeï a été libéré. Les retrouvailles avec sa fille, publiées sur les réseaux sociaux, ont permis de remettre au cœur de l’actualité la répression des voix antiguerre.
Depuis des années, les voix s’opposant au régime sont réprimées en Russie. Mais depuis le début de l’invasion russe en Ukraine il y a deux ans, cette répression s’est intensifiée et le nombre de peines de prison ainsi que de nouvelles lois restrictives, ne font qu’augmenter. En parallèle des emprisonnements, c’est la censure qui est utilisée à l’intérieur même du pays pour étouffer les contestations et condamner ceux qui s’opposent. Les nouvelles cibles de cette guerre : les étudiants, les journalistes, les artistes ; tous ceux ayant le courage de s’exprimer publiquement.
Cette répression contre les voix antiguerre s’opère tout d’abord à travers une législation renforcée contre ce qui est considéré comme des « fausses informations » c’est-à-dire l’expression d’opinions critiques à l’égard de l’armée russe en Ukraine, des autorités russes, de leurs actions et de leurs politiques. Dès le premier jour de l’invasion le 4 mars 2022, une loi a été votée afin de censurer ces « fausses informations » : les personnes condamnées peuvent encourir jusqu’à 15 ans de prison.
De plus, en Russie, les lois en vigueur rendent les manifestations pratiquement impossibles. Ceux qui osent protester risquent des amendes sévères, des détentions administratives et des poursuites pénales, en plus de subir des violences policières souvent impunies. Suite à l’invasion de l’Ukraine, des milliers de manifestants antiguerre ont été arrêtés de manière arbitraire, comme le 6 mars 2022 où 5 000 personnes ont été interpellées dans soixante-neuf villes du pays.
Cette répression concerne également la presse. Depuis plus de deux décennies, les autorités russes mènent une répression systématique contre les journalistes et les médias indépendants. Depuis l’invasion de l’Ukraine, la situation s’est aggravée : journalistes et blogueurs subissent arrestations, amendes et violences, et plusieurs d’entre eux ont été poursuivis pour diffusion de « fausses informations » sur les forces armées, en vertu de la loi promulguée le 4 mars 2022, accentuant la censure. Les ONG de défense des droits humains subissent cette même répression. Qualifiées « d’agents étrangers » et un grand nombre ont été fermées de manière arbitraire.
Au total selon les chiffres d’Amnesty International, 20 000 militant.e.s antiguerre subissent de lourdes représailles. Une pétition a été lancée par Amnesty International pour soutenir les voix antiguerre et condamner les lois de censure les criminalisant.
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