L’UNRWA : Une agence indispensable menacée

L’interdiction des opérations de l’UNRWA, votée le 28 octobre par la Knesset1, le Parlement israélien, va avoir un impact dévastateur sur la vie des Palestiniens. Cette nouvelle attaque contre l’agence onusienne constitue une menace grave pour les droits humains des réfugiés palestiniens. 

L’Agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est une organisation humanitaire créée en 1949 par l’Assemblée générale des Nations unies pour répondre aux besoins des réfugiés palestiniens à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948. Son mandat unique consiste à fournir des services essentiels, tels que l’éducation, la santé, l’aide alimentaire et le logement, à plus de 5,9 millions de réfugiés palestiniens enregistrés en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie2. En dépit des défis croissants, notamment des crises financières chroniques et des tensions politiques, l’UNRWA joue un rôle crucial dans la protection des droits et de la dignité de cette population, tout en cherchant des solutions durables pour les réfugiés palestiniens.

Cette nouvelle législation israélienne risque de paralyser les activités de l’UNRWA à Gaza et en Cisjordanie en bloquant la coordination avec les autorités israéliennes et en refusant les permis d’entrée. Cela empêcherait l’acheminement de l’aide humanitaire, dont dépendent plus de la moitié des habitants de Gaza pour des services de santé essentiels. Chaque jour, l’UNRWA y réalise plus de 15 000 consultations médicales, et son interdiction pourrait aggraver une crise sanitaire déjà critique3.

Cette mesure affecterait aussi les services essentiels en Cisjordanie, tels que l’éducation et la gestion des camps de réfugiés, tout en établissant un dangereux précédent pour exclure les Nations unies des conflits futurs. Malgré les avertissements d’organisations internationales comme Amnesty International, Israël poursuit des actions aggravant la punition collective des Palestiniens et contredisant ses propres affirmations sur l’aide humanitaire. La nouvelle loi va également à l’encontre des recommandations récentes de la Cour internationale de justice.

Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré :  Cette loi inadmissible est une attaque en règle contre les droits des réfugiés palestiniens. Elle vise clairement à empêcher l’agence d’opérer dans le territoire palestinien occupé en forçant la fermeture du siège de l’UNRWA à Jérusalem-Est et en supprimant les visas pour son personnel. Elle équivaut à la criminalisation de l’aide humanitaire et aggravera une crise humanitaire déjà catastrophique. 

L’UNRWA a joué un rôle indispensable en fournissant de la nourriture, de l’eau, de l’aide médicale, de l’éducation et des abris à près de 2 millions de Palestiniens de Gaza qui ont été déplacés de force, soumis à une famine artificielle et qui courent un risque sérieux de génocide en raison de l’offensive incessante d’Israël au cours des 12 derniers mois. Cette loi va à l’encontre de l’injonction de la Cour internationale de justice à Israël de garantir une aide humanitaire suffisante et de faciliter les services de base.

L’UNRWA a été une bouée de sauvetage pour les réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza occupée, en Cisjordanie et dans les pays voisins tout au long des 75 années qui se sont écoulées depuis sa création. La situation critique du peuple palestinien serait encore plus grave sans le travail inlassable de l’UNRWA au cours des trois derniers quarts de siècle.

Cette loi effroyable et inhumaine ne fera qu’exacerber les souffrances des Palestiniens, qui ont enduré des épreuves inimaginables et dont le besoin d’un soutien mondial est plus grand que jamais. La communauté internationale doit rapidement la condamner dans les termes les plus forts possibles et exercer toute l’influence qu’elle a sur le gouvernement israélien pour qu’il l’abroge.

En janvier 2024, l’UNRWA avait déjà fait face à la menace d’une instabilité financière avec une suspension massive des dotations des États après des accusations émises par Israël, selon lesquelles certains de ses employés auraient été impliqués dans les attaques du 7 octobre menées par le Hamas contre Israël. En réponse, l’agence a rapidement licencié neuf employés suspectés et ouvert une enquête interne pour démontrer la solidité de ses mécanismes de contrôle. Malgré ces efforts, plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont interrompu leur financement, fragilisant l’agence au moment où les besoins humanitaires dans la bande de Gaza atteignaient des sommets critiques. Dans ce contexte, Amnesty International avait exhorté l’Union européenne et ses États membres4 à maintenir leur financement à l’UNRWA5. Ces suspensions aggraveraient la situation humanitaire critique à Gaza, où plus de 2 millions de réfugiés dépendent de l’UNRWA pour des services vitaux, notamment la nourriture, l’eau et les abris.6

L’arrêt du financement à l’UNRWA pourrait constituer une forme de punition collective, contraire au droit international, et compromettre les efforts de documentation des violations des droits de l’homme à Gaza. Elle dénonce également les doubles standards des gouvernements qui suspendent l’aide humanitaire tout en continuant de vendre des armes à Israël, utilisées dans des violations des droits humains.

Cependant, après des enquêtes approfondies et l’absence de preuves tangibles des accusations, la plupart des États, soutenus par l’Union européenne, ont progressivement repris leur financement. Cette reprise a permis à l’UNRWA de poursuivre sa mission essentielle, malgré les pressions politiques visant son existence et son rôle dans une région marquée par une crise humanitaire sans précédent.7

L’attaque contre l’UNRWA par la législation israélienne est une atteinte grave aux droits humains des Palestiniens, dont la survie dépend de l’aide humanitaire que l’agence fournit. Cette mesure, qui cherche à bloquer l’accès aux services essentiels, ne fait qu’aggraver une situation déjà désastreuse, en particulier à Gaza où des millions de personnes sont confrontées à des conditions de vie inhumaines. Amnesty International a dénoncé cette loi comme une attaque en règle contre les réfugiés palestiniens, soulignant qu’elle criminalise l’aide humanitaire et contribue à une punition collective. L’organisation appelle la communauté internationale à condamner fermement cette législation et à exercer une pression maximale sur Israël pour qu’il mette fin à cette offensive contre les droits fondamentaux. Si cette législation est laissée sans réponse, elle établira un dangereux précédent dans le droit international humanitaire, en menaçant non seulement l’UNRWA, mais aussi l’intégrité même des missions humanitaires à travers le monde. L’heure est à l’action, pour garantir que la justice et l’humanité prévalent face à la répression.

  1. ISRAËL/GAZA : L’INTERDICTION DE L’UNRWA, UNE DÉCISION EFFROYABLE ET INHUMAINE, 30 octobre 2024 : https://www.amnesty.fr/conflits-armes-et-populations/actualites/israel-gaza-linterdiction-de-lunrwa-une-decision-effroyable-et-inhumaine ↩︎
  2. UNRWA Where We Work : https://www.unrwa.org/where-we-work ↩︎
  3. MSF dénonce l’interdiction de l’UNRWA par Israël, dernier coup dévastateur porté aux Palestinien·ne·s, 30 octobre 2024 : https://www.msf.ch/nos-actualites/communiques-presse/msf-denonce-linterdiction-lunrwa-israel-dernier-coup-devastateur. ↩︎
  4. Gaza: The EU must urgently continue funding UNRWA, to avoid exacerbating suffering of Palestinians facing serious risk of genocide, 28 février 2024 : https://www.amnesty.eu/news/gaza-the-eu-must-urgently-continue-funding-unrwa-to-avoid-exacerbating-suffering-of-palestinians-facing-serious-risk-of-genocide/. ↩︎
  5. The EU and member states must maintain funding for UNRWA amid alarming signs of genocide against Palestinians, 30 janvier 2024 : https://www.amnesty.eu/news/the-eu-and-member-states-must-maintain-funding-for-unrwa-amid-alarming-signs-of-genocide-against-palestinians/. ↩︎
  6. Israel/OPT: States must reverse cruel decision to withdraw UNRWA funding, 29 janvier 2024 : https://www.amnesty.org/en/latest/news/2024/01/israel-opt-states-must-reverse-cruel-decision-to-withdraw-unrwa-funding/. ↩︎
  7. UNRWA : LA VIOLENTE CAMPAGNE MENÉE PAR ISRAËL À L’ENCONTRE DE L’AGENCE DOIT CESSER, 30 juin 2024 : https://www.unrwa.org/fr/newsroom/official-statements/unrwa-la-violente-campagne-menée-par-israël-à-l’encontre-de-l’agence ↩︎

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